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- Category :GESTION D'ENTREPRISES, RESSOURCES HUMAINES
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- Date :22/05/2018
Souffrant de plusieurs maux, l’intermédiation en assurance a pourtant toutes les raisons de vouloir impulser un dynamisme sain à la profession. TVA indue, circulaire de recouvrement, commissionnement, formation, digitalisation, rapports de force avec les compagnies d’assurance… autant d’écueils sur lesquels bute au quotidien la grande majorité des agents et courtiers d’assurance.
La Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance au Maroc (FNACAM) fête aujourd’hui ses 25 ans. Que du chemin parcouru pour cette fédération, qui tout au long d’un quart de siècle, n’a pas lésiné sur les moyens de dynamiser l’activité de l’intermédiation en assurance et ce en concertation avec les acteurs du marché (ACAPS (Ex DAPS), FMSAR).
La réunion initiée aujourd’hui, 11 septembre, par la FNACAM autour du thème : « Une impulsion nouvelle pour la FNACAM » n’est pas fortuite. Son souhait est d’aborder l’avenir avec sérénité et assurance. Cette longue journée riches en informations devrait d’ailleurs se solder par une feuille de route pour l’ensemble du secteur.
Elle se distingue par un très fort auditoire mais également par la présence du Patronat et du Fisc.
A ce titre, il est utile de rappeler que l’activité de courtage au Maroc souffre de plusieurs maux qui menacent la vie de certains agents et courtiers d’assurance, en l’occurrence ceux de petite taille.
La rencontre d’aujourd’hui intervient dans une conjoncture critique marquée par l’échec du regroupement de la FNACAM et l’UMAC en un seule confédération, le rétrécissement des marges des compagnies, la forte sinistralité auto, la Circulaire de recouvrement 2015 qui porte à discussion, la solvabilité sur les risques… Une liste loin d’être exhaustive. En matière de rapprochement de la FNACAM avec l’UMAC, les intervenants y compris Salaheddine Mezouar, président de la CGEM, convié à l’évènement, conscient de l’inflation de l’intermédiation et de l’ensemble des défis, a appelé de tous ses vœux au regroupement qualifiant ce qui se passe actuellement par « Je suis le représentant » de déperdition d’énergie.
Bref, plusieurs défis guettent la profession et l’urgence d’une feuille de route est de mise.
Farid Bensaid, président de la FNACAM, après avoir passé en revue, les principaux écueils, a obtempéré révélant que le secteur des assurances se porte bien. Il est le premier marché arabe et le deuxième en Afrique. Toutefois, avec un taux de pénétration oscillant autour de 3,74%, cela augure d’un énorme potentiel à conquérir. Dans la foulée, Bensaid rappelle que le secteur des assurances génère un chiffre d’affaires annuel de 41 Mds de DH dont 60% transitent par les agents et courtiers. Un poids certes non négligeable mais qui demeure fortement concentré dans la mesure où 25 intermédiaires s’accaparent le gros du morceau. Ajoutons à cela que 3 millions de têtes sont couvertes à travers les adhérents de la FNACAM. En évoquant ces chiffres, on ne peut passer sous silence les 9.000 familles qui vivent de l’intermédiation.
Des chiffres qui interpellent et qui exigent d’instaurer de l’ordre dans le secteur.
De son côté, Hassan Bensalah, président de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR) a tenu à rappeler que même si le marché de l’assurance au Maroc occupe les premiers rangs en Afrique et dans le monde Arabe, il reste encore du chemin à parcourir. Le secteur recèle d’opportunités de croissance tellement les besoins en couverture restent importants dans notre pays.
Hassan Bensalah n’y va pas de main morte : « Les défis qui attendent notre secteur sont nombreux, mais s’il y’en a bien un qui doit retenir notre attention, c’est bien celui de la révolution digitale. Mais nous devons être conscients d’une chose importante : Le digital ne se résume pas à la vente en ligne ». Et d’ajouter : « C’est toute la chaîne de valeur qui doit être repensée pour intégrer une nouvelle forme d’interaction entre l’ensemble des parties prenantes : compagnies, intermédiaires, clients, experts… ».
Dans ce sillage, le président de la FMSAR corrobore ses propos par le projet de dématérialisation de l’attestation automobile mené conjointement avec l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS).
Derrière la digitalisation, H. Bensalah insiste sur la DATA et tout ce qu’elle peut apporter comme valeur ajoutée au secteur. « Il n’est pas normal qu’en 2019, nous n’ayons pas d’échanges de données pertinentes sur nos clients. Nos bases de données demeurent assez pauvres et pourtant, elles pourraient nous apporter énormément sur le plan commercial », regrette-t-il.
Autre élément, et pas des moindres évoqués par le président de la FMSAR, est celui de l’équilibre tarifaire de chaque famille de produits. Le but escompté est de sortir d’une logique de prix pour passer à une logique basée sur la rentabilité et la maîtrise du risque par famille de produits. D’où l’appel aux compagnies d’assurance à faire preuve de plus de créativité et moins de frilosité dans la couverture de nouveaux risques.
Les écueils sur lesquels bute l’intermédiation en assurance au Maroc sont tellement nombreux et récurrents et sont évoqués à l’occasion de chaque rencontre de la profession, que l’on se demande s’il n’ y a pas de la résistance politique ou quelque part de l’obstination qui va à l’encontre de la réalisation des objectifs.
Hassan Boubrik, président de l’ACAPS revient à son tour sur les grands chantiers du secteur pour ne citer que la Solvabilité basée sur les risques, le Takaful, les Catastrophes Naturelles… pour dire qu’un grand virage est amorcé par le secteur.
Il a été interpellé par l’assistance sur le commissionnement qui, a-t-il précisé, depuis la libéralisation en 2006, ne relève pas des prérogatives de l’ACAPS et sur la circulaire de recouvrement qui fait des remous au sein des intermédiaires. Il rappelle à ce titre que cette circulaire n’est plus d’actualité et qu’elle a été abrogée de facto par la Circulaire générale publiée au BO depuis quelques mois. Mais il campe toujours sur sa position et considère la présente circulaire comme un moyen de protection des intermédiaires en assurance des impayés et de toutes les difficultés inhérentes.
Le régulateur informe par ailleurs de l’instauration d’une nouvelle provision pour risques tarifaires lorsqu’il sera constaté que le ratio combiné d’une catégorie d’assurance dépasse 100% sur les trois dernières années. Un projet de circulaire est en gestation.
Le secteur des assurances est névralgique pour l’économie marocaine d’où la nécessité pour les compagnies d’assurance et les intermédiaires de conjuguer les efforts pour affronter l’avenir tout en étant outillés pour relever les défis qui s’imposent à la profession.
Or, les intermédiaires ne peuvent négocier et être en position confortable face aux compagnies d’assurance (pots de terre vs pots de fer) que s’ils réussissent à aplanir les différends et à se regrouper. C’est de cette manière qu’ils pourront aiguiller leurs forces pour relever les défis liés à la digitalisation, à la diversification des risques… mais c’est là une autre paire de manches.